Parmi les nombreuses questions que me posent régulièrement mes apprenants lors de leurs formations d’anglais, la question du pourquoi l’anglais est-il si important et prédominant de nos jours touche sûrement le jackpot de la plus récurrente.
Si la plupart des Français ont accepté aujourd’hui l’idée que l’apprentissage de l’anglais est essentiel (notamment pour les parents envers leurs enfants), on ne sait pas toujours pourquoi. D’autant plus qu’en tant que bon Français, on a souvent tendance à penser que la langue française a encore une place prépondérante à l’international.
La réponse est complexe, mais voyons ici quelques pistes de réflexion.
👥 L’anglais comme nouvelle Lingua Franca
La première chose à laquelle je suis sûr que vous ayez pensé est que l’anglais est la langue « par défaut » à l’international, soit une langue franche – ou Lingua Franca.
Vous partez n’importe où à l’étranger ? Vous parlez anglais à l’aéroport, à l’hôtel, au restaurant. Vous discutez avec des fournisseurs mondiaux ? Anglais. Vous faites des recherches sur un domaine particulier au niveau européen ? Tout est dans la langue de Shakespeare.
Pour ma part, j’ai clairement eu un « déclic » une fois ma maîtrise de l’anglais satisfaisante, je me rappelle m’être dit : « Ça y est ! Je peux virtuellement communiquer avec et comprendre n’importe qui dans le monde, n’importe quelle information dans le monde ! ». Une sacrée épiphanie dont peu de bilingues prennent pleinement conscience.
On en arriverait presque à une concrétisation de l’histoire de la Tour de Babel (dont je reparlerai probablement dans un autre article).
🌍 La mondialisation post Seconde Guerre mondiale et la langue de l’internet
Sans rentrer dans une leçon d’histoire, il est évident que l’américanisation du monde après 1945, ainsi que l’avènement du web et la Silicon Valley ont grandement contribué à la suprématie de la langue anglaise.
Bonne ou mauvaise chose donc ? Difficile d’y répondre, reste qu’objectivement l’homogénéisation des langues (notamment en Europe) a largement apporté une simplification des communications à l’échelle mondiale, qui est sans aucun doute une des raisons de la croissance exponentielle de notre civilisation en à peine un siècle.
Si l’anglais est aujourd’hui la première ou deuxième langue parlée dans le monde (avec le mandarin) selon le mode de calcul utilisé, elle représente à elle seule 55 à 60 % de la part des langues utilisées sur le web. Internet a été créé par l’anglais, pour l’anglais (l’américain, pour être plus précis). Difficile donc de passer à côté dès lors où vous devez utiliser l’outil informatique, omniprésent dans nos vies aujourd’hui.
Vous voulez suivre la communauté de votre acteur/streamer favori ? Anglais. Vous voulez suivre un tuto sur YouTube pour un domaine spécifique ? Anglais. Vous voulez coder ? Anglais. Le propos est à nuancer puisque beaucoup de ressources sont traduites, ou facilement traduisibles en français (grâce à des outils d’origine américaine), mais l’argument tient.
😁 Une langue facile et prompte à créer
« English is easy! »
Voilà une des phrases que je prononce le plus souvent envers mes apprenants (souvent accompagnée d’un hochement de tête négatif de la part de ces derniers).
Il est assez clair que l’anglais est une langue facile. La grammaire est basique, la conjugaison édulcorée, la syntaxe relativement cohérente. Pas de vouvoiement, pas de genre, peu d’articles. Et d’autant plus pour les Français, le vocabulaire est à 60 % tiré d’une façon ou d’une autre du français (normand) ou du latin. Pas d’excuse pour s’y mettre donc ?
La langue de la Reine (enfin du Roi maintenant) est également incroyablement apte à créer de nouveaux mots, le dictionnaire anglais étant d’assez loin (et assez étonnamment) le plus riche au monde avec quasiment 300 000 entrées.
Internet, web, brainstorming, feedback, meeting, conf-call, challenge… pas étonnant que les anglicismes pullulent dans notre langue moderne et professionnelle, même si la francophonie fait (à juste titre !) de la résistance.
A titre d’exemple, l’armée américaine classifie les principales langues du monde en catégorie, de I à IV selon leur degré de difficulté (et rapidité) d’apprentissage. Si vous serez surpris d’apprendre que le français n’est qu’une Catégorie I (encore une fois, relativement à un natif anglophone apprenant le français, les 2 langues étant au final très proches), l’anglais est utilisé en tant que Catégorie 0, soit comme témoin-test, la langue la plus facile à apprendre au monde.
Le tout reste encore une fois à nuancer, en particulier pour la prononciation de l’anglais – très unique et difficile à reproduire pour beaucoup de gens. La source de tous vos maux et problèmes dans votre apprentissage, pas vrai ? (D’autres articles viendront en ce qui concerne la prononciation ! Une bonne raison de suivre Westmill).
🚀 Pour conclure
Des tas d’autres raisons expliquent également l’influence grandissante de l’anglais, et l’apprendre paraît aujourd’hui être une nécessité en tant que Français. Combien d’apprenants adultes me disent regretter ne pas avoir été plus appliqués pendant leur scolarité dans leur apprentissage, mais comptent en revanche ne pas reproduire les mêmes erreurs avec leur progéniture.
Plusieurs arguments contraires pourraient être apportés en revanche. D’une part, la montée en puissance de l’IA et traducteurs automatiques, qui permettraient de se passer entièrement de la case « apprendre l’anglais » puisque tout sera fait à votre place (débat qui méritera un autre article à part entière), de même que la disparition alarmante des langues et dialectes plus fragiles.
La plupart des gens l’ignorent, mais environ 6000 langues existent dans le monde, dont on estime qu’une disparaît en moyenne toutes les 2 semaines du globe. 15 d’entre elles se partagent à elles seules 80 % des utilisateurs mondiaux (la distribution de Pareto à l’œuvre), et 3 d’entre elles (dont l’anglais) monopolisent un tiers des locuteurs de la planète.
Accepter l’importance et la nécessité de l’apprentissage de l’anglais, que ce soit d’un point de vue business ou culturel, ne doit pas se faire au détriment de la perte de nos identités et cultures individuelles. Les prochaines années de notre siècle, avec leur lot d’épreuves, d’expansion spatiale et progrès technologique, verront sans aucun doute l’anglais affirmer sa place de langue universelle.